L’attaquante camerounaise Chanel Tchaptchet évoluant au Racing Club Roubaix Wervicq, club de D3 féminine en France. Elle a été auteure d’une saison stratosphérique bien qu’elle soit arrivée à la mi-saison. La rédaction du média Allez Les Lions est allée à la rencontre de l’ancienne joueuse de Lens, Le Havre. Nous avons voulu comprendre sa régression de la D1 Arkema pour la D3 et surtout sa disparition des radars avec l’équipe nationale féminine du Cameroun. Dans cet échange, nous vous apportons des éclaircissements sur le déroulement actuel de la carrière de Chanel Tchaptchet.
Journaliste : Bonjour Chanel Tchaptchet, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions via cette interview.
Chanel Tchaptchet : Bonjour Claude Stéphane, c’est moi qui vous remercie d’avoir accepté de me donner l’opportunité de m’exprimer à travers votre média.
Journaliste : Comment vous sentez-vous après votre brillante saison avec Roubaix ?
Chanel Tchaptchet : Forcément, tout attaquante devrait se sentir en joie après avoir réussi à marquer autant de buts en peu de matchs. Je suis arrivée en mi-saison, j’ai réussi à me faire plaisir sur le terrain ; même si je suis restée sur un petit sentiment de déception. J’aurai voulu que mes buts accompagnent la promotion de l’équipe en D2.
Journaliste : Comment doit-on expliquer votre régression de la première division pour la troisième division ?
Chanel Tchaptchet : Régression, oui ! Mais ce n’était réellement pas voulu et souhaité. Ma courbe de progression montre suffisamment ce à quoi j’ai toujours aspiré. Je pars d’un centre de formation du Cameroun pour le Championnat universitaire au Japon, je travaille très dur avant de m’envoler en D2 pour la France. Je joue à VGA, puis à lens. Clubs dans lesquels je finis toujours meilleure buteuse de la saison. Après avoir traversé ces étapes, le rêve idéal est de viser une équipe de d1. Je reçois plusieurs offres, mais je vais finalement choisir le Havre Athletic Club. Cette motivation de jouer en D1 venait aussi du coach ZABO, ancien coach des lionnes indomptables senior, qui m’avait dit : « si tu veux être dans mon équipe, il faut jouer en première division ». J’ai fait une préparation individuelle de malade. Je suis arrivée au HAC, j’ai réussi ma pré-saison avec 1 but et 3 passes décisives. Avec ces prestations, je suis directement devenue l’une des priorités du coach. On a a enchaîné avec le premier match du championnat contre Lyon. On avait certe perdu mais je surfe sur un nuage de bonheur. Juste après ça, il y a mon retour à l’équipe nationale. Nous devions jouer le Kenya. J’étais toute excitée. Les planètes s’étaient en fait aligner pour. Sauf que je ne savais pas que mon retour à l’équipe nationale allait déclencher une suite de saisons sombres pour moi. J’arrive en sélection, on joue le kenyan, je joue seulement 1 minute 30 secondes de jeu. C’était tellement frustrant puisque je sentais que je pouvais apporter plus. Mais bon, c’est le choix d’un coach. Je me dis qu’au match retour, j’aurai plus de temps de jeu. Mais grande fut ma surprise quand le coach m’a annoncé que je ne jouerai pas, pour une affaire de double identité. J’étais choquée. Mais il me parle de quelle double identité ? Le Cameroun se fait finalement éliminer aux tirs au but, ajouté à mon supposé problème, mon retour en sélection est manqué. Je devais directement partir du Kenya pour la France, mais je me rends compte que j’avais pris avec moi la carte de séjour non valide. Erreur, je ne peux pas directement voyager. Je rentre au Cameroun pour trouver la solution. Je fais une semaine et demi de plus au Cameroun, pendant que mon club s’entraîne. Je réussi quand-même à faire venir ma carte de séjour valable par une agence, je rentre en France avance un lit de frustration. On me donne 1 minute de jeu face au Kenya, on me colle une affaire de double d’identité. Je manque 1 semaine et demie d’entraînement avec mon club.
C’était le début de mes problèmes en club. Celle qui avait bien débuté sa saison au HAC, s’est vue relégué au dernier plan. Le match de mon retour, je réussis quand-même à faire une bonne prestation en marquant un but, c’était d’ailleurs mon seul en première division avec le Havre. La suite a été une torture morale sans pareil. Je n’avais plus la confiance du coach, malgré mes multiples efforts, je n’entrais plus dans ses plans. En mi-saison, j’ai eu une réunion avec lui et j’ai fait savoir à l’équipe que je voulais partir, puisque je ne trouvais plus épanouissement au sein du club. J’avais des clubs de D1 arkema et de D2 qui me voulaient en prêt. Mais la directrice sportive du club s’est carrément opposée à cela. Je me suis sentie obligée de demander une résiliation, puisque je ne pouvais plus supporter cette torture, surtout quand je sais que je peux donner plus sur le terrain. C’est d’ailleurs le seul endroit où je peux répondre à n’importe qui. Si tu me prives de cette opportunité, c’est tout simplement vouloir me tuer. Dans les clauses de la résiliation, il m’était interdit de jouer dans un club de D1 ou de D2. Ils ont cru m’enterrer, mais ils ont oublié que l’esprit camerounais était en moi. Alors si on m’interdit la D1 et la D2, je vais signer en D3 [Large sourire sur le visage, ndlr] même si c’est contre ma volonté. Voilà comment je me retrouve en D3. Heureusement que je suis arrivée dans un club dans lequel j’ai été respectée en dehors et sur le terrain.
Journaliste : Vous avez subitement disparu des listes chez les Lionnes Indomptables depuis un bon moment, qu’est-ce qui peut expliquer cela ?
Je l’ai évoqué sur votre précédente question. Au match retour contre le Kenya, on me fait savoir que je ne peux pas jouer pour une question de double d’identité. Je suis toute surprise parce que je ne sais pas ce qu’est la double identité. Quand je rentre en France, le coach bisseck me fait savoir qu’il ne m’appelera plus jamais si on ne règle pas moin problème de double identité. Je suis choquée, je sais que je vais d’abord commencer où dans un problème dont je ne maîtrise pas la cause. J’ai joué contre la RCA en 2021, j’ai été sélectionnée pour les barrages des JO la même année, je reçois des invitations en club au nom de Tchaptchet Djuka Chanel, la Fecafoot m’a toujours payé les billets d’avion lorsque je suis convoquée, au nom de Tchaptchet Djuka Chanel. J’ai fait tout mon parcours scolaire et académique avec ce nom, j’ai eu mes diplômes au Japon avec ce nom, j’ai fait ma carte d’identité, et mes deux passeports avec ce nom, je ne sais où sors la double identité dans mon parcours sportif. Voilà la raison qu’on m’a donné pour justifier ma non convocation à l’équipe nationale. On m’avait demandé de jouer en première division si je veux être sélectionnée, je l’ai fait. Une fois en première division on sort une affaire de double identité, qui a failli rendre fous mes parents, au point où maman m’avait envoyé tous mes documents d’identité. Carte de baptême, bulletin de notes, tableau d’honneur et mes reçues de paiement de la pension à l’université de Dschang.
Journaliste : Avez-vous déjà échangé avec le sélectionneur Jean-Baptiste Bisseck ? Que vous a-t-il dit au sujet de votre non sélection ?
Chanel Tchaptchet : Chanel, tu rentres dans mes plans mais je ne peux pas sélectionner une fille qui a un problème de double identité, m’a-t-il dit. Quand bien même je veux savoir à quel niveau je suis accusée d’avoir la double identité, je me rends compte que ça ne concerne ni le jour de naissance, ni le mois de naissance encore moins l’année de naissance on parle de mon nom de maison ( nana) qui s’est retrouvée dans les fichiers de la CAF. NANA est mon nom de maison mais ce nom ne figure sur aucun de mes documents d’identité. Je ne sais donc pas par quel alchimie Nana s’est retrouvé dans les documents de la CAF. Voilà ma part d’ accusation sur ma double identité.
Journaliste : Concernant l’affaire d’une supposée double identité que vous avez, qu’en dites-vous ?
Chanel Tchaptchet : Que devrais-je dire sur une affaire que je ne connais pas? Cette idée farfelue de changer l’âge ou mon nom n’a jamais traversé mon esprit. J’ai fait l’école avec mon âge et mon papa était très regardant dessus. D’ailleurs je n’ai pas joué dans un club camerounais. Donc je sors du pays grâce à une bourse pour le Japon. À quel moment cette idée m’a traversé la tête ? Je ne sais rien de tout ça. Je n’ai jamais changé mon âge, mes bulletins de notes, relevés de notes, carte de baptême, acte de naissance peuvent l’affirmer.
Journaliste : Après votre brillante saison avec Roubaix, vous allez continuer l’aventure en troisième division ou alors vous songez à revenir en élite ?
Chanel Tchaptchet : Il y a pas mal d’offres, mais on verra bien. Il ne faudra pas seulement s’appuyer sur le critère purement sportif. Il y a aussi une vie après le sport.
Journaliste : Quels sont vos souhaits avec l’équipe nationale féminine actuellement ?
Chanel Tchaptchet : Tout ce que j’ai donné, tous les sacrifices, c’était pour être à l’équipe nationale. C’est le rêve de toute gamine : défendre les couleurs du Cameroun. Je sais que je n’ai pas de problème, je performe sur le terrain donc j’aimerais bien aider mon équipe, qui se trouve actuellement dans un véritable chantier de transition.
Journaliste : La fédération s’est-elle déjà penchée sur votre cas de supposée double identité pour la vérifier et/ou la résoudre ?
Chanel Tchaptchet : Après ce problème, c’était mon premier réflexe. Écrire à la fédération. Puisqu’ après notre retour du Kenya, plus personne n’a fait allusion à ce problème. C’était un silence radio. J’ai écrit à la fédération camerounaise de football, personne n’a répondu. Je n’ai jamais eu de retour. Des personnes interposées proches de la fédération m’ont dit d’écrire à la CAF pour résoudre cette erreur. Je l’ai fait . Mais jusqu’à aujourd’hui, je n’ai pas reçu de réponse.
Voyez-vous comment une négligence peut tuer le rêve d’une gamine ? Ça ne préoccupe personne parce que c’est Chanel. Quand ce genre de problème se pose ailleurs, les réponses sont souvent immédiates. Mais se retrouver en train de chercher une réponse sur affaire qu’on ne connait pas, c’est dérangeant. J’aimerai juste savoir à quel moment on a détecté ma double identité. On me fait porter une accusation à tort.
Aujourd’hui, Chanel Tchaptchet subit une injustice totale qui vient entraver son évolution dans sa carrière professionnelle. En outre, ses récentes performances en club montrent qu’elle pourrait encore beaucoup apporter à l’équipe nationale féminine du Cameroun dont la ligne offensive se montre inefficace ces derniers temps et vieillissantes. Il serait donc logique et normal que la FECAFOOT se penche sur ce problème de double identité dont on l’accuse afin de faire la lumière là-dessus. Les documents joints à cet article montrent qu’elle clame son innocence dans cette affaire de double identité avec beaucoup de raison. Que justice et lumière soient faites.