Alain Wabo, le fin tacticien parti trop tôt - Allez Les Lions
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Alain Wabo, le fin tacticien parti trop tôt

Les expressions telles que : « défense araignée », « barycentre », « attaque fourmi » ou encore « défense en W » ne peuvent pas être prononcées dans la sphère footballistique camerounaise sans que le nom d’une icône du coaching au Cameroun ne se prononce sur les lèvres de tous les passionnés du football camerounais des années 2000. Il s’agit bien du défunt coach Alain WABO. 

Alain WABO est né le 26 juin 1972 dans la région l’ouest Cameroun précisément à Bandjoun. Il grandit comme tous les jeunes camerounais de son âge entouré de la ferveur footballistique ascendante au Cameroun à cette époque. Il est un brillant élève qui poursuit son parcours scolaire sans faute jusqu’à l’obtention de son baccalauréat. C’est un jeune garçon passionné par le football mais qui différemment de ces camarades est plus intéressé par la tactique. L’épopée de 1990 des Lions Indomptables a d’avantage inspiré le jeune garçon qui était stupéfait par la tactique rigoureuse appliquée par le coach Valeri Nepomniachi. Cette épopée va susciter un grand enthousiasme chez Alain WABO qui va commencer être à la tête du banc de touche des équipes de son quartier durant les championnats de vacances organisés dans sa localité. Sa maestria sur le banc et toute sa créativité attirent l’attention de plusieurs personnes et au fil des années il se forge une renommée qui va d’ailleurs lui valoir le surnom de « Capello ». Il n’abandonne pas pour autant ses études et décroche à l’âge de 23 ans son Brevet de Technicien Supérieur en Marketing en 1995. À cette époque ceci se révélait comme une prouesse à cet âge. Et de plus, plusieurs opportunités de travail étaient plausibles avec un tel diplôme dans les poches. Cependant, il surprend tout le monde dans son entourage proche lorsqu’il annonce qu’il laisse de côté son diplôme en marketing pour se consacrer entièrement à une carrière d’entraîneur de football. Certains autour de lui vont percevoir cela comme de la démence car le jeune garçon n’est pas diplômé de l’INJS. C’est ainsi qu’avec la réputation qu’il s’était forgée dans sa localité, un premier banc de touche lui est accordée : il s’agit de l’équipe de Stade de Bandjoun.

Le premier banc de touche du fin tacticien Alain WABO est la formation de Stade de Bandjoun. Il y arrive en tant qu’un « analphabète du football » comme certains détracteurs aimaient bien l’appeler. Au fil du temps, il réalise des prestations de grandes classes qui commencent à faire écho dans la région de l’ouest. Le public vante son originalité, sa créativité. On le présente comme un coach avec une fougue à nulle autre pareille. De son banc de touche, il distille des instructions de jeu à ses joueurs tel un chef d’orchestre à sa chorale. La symbiose est telle qu’on a l’impression que les déplacements des joueurs de son équipe se font suivant les mouvements de ses bras et le son de sa voix. Ces prouesses ne restent pas inaperçues et c’est ainsi qu’il tape dans l’œil de la formation de l’Aigle de Dschang. Il paraphe donc son premier contrat pour une grande équipe avec la formation de la Menoua. Il y reste quelques années et tape très vite dans le viseur des dirigeants de l’équipe de Mont Cameroun FC de Buea. Il rejoint donc l’équipe du Char des dieux dans la foulée. En 2002, il conduit l’équipe en finale de la coupe du Cameroun qu’il remporte sur le score de 2-1 face à Sable de Batié. On se souvient que la formation de Mont Cameroun s’était défaite en demi-finale de Unisport du Haut-Nkam en aller et retour sur les scores de 3-1 puis 2-1 tandis que Sable de Batié avait étrillé PMUC (D2) du coach Eugène Ekeke 4-1 à l’aller avant de faire 1-1 au retour. Alain WABO remporte donc ainsi son premier trophée majeur notamment grâce à sa ligne d’attaque qu’il avait qualifié de foudroyante composée de : Atem, Mukake et Embola. Par la suite, Alain WABO va passer dans la formation de Panthère du Nde où il ne gagne malheureusement aucun trophée. I a été également sollicité par l’équipe dirigeante de l’Aigle de Nkongsamba où il réussit à faire monter l’équipe en première division. Ses prouesses de plus en plus grandissantes s’étendent dans la sous-région. C’est dans cette perspective qu’il est contacté par le club équato-guinéen de Renacimiento. 

L’aventure sous régionale de celui qu’on considère comme le tacticien scientifique s’effectue principalement en Guinée-Équatoriale et au Gabon. Il y importe sa marque de fabrique personnel et fait découvrir au peuple équato-guinéen des expressions qu’ils n’avaient jamais entendu : « dispositif crabe », « attaque en V, défense en W », ou encore « attaque en éventail, défense en entonnoir ». Sa maestria associé à sa créativité à la tête de cette équipe vont lui permettre de remporter durant 3 années consécutives le titre de champion et deux coupes nationales. Son parcours le plus prestigieux demeure la qualification en demi-finales de la League des Champions africaines de son club Renacimiento. L’un des faits marquants du parcours du coach Alain WABO durant sa campagne de League des Champions avec son équipe fut ses déclarations à la suite du match perdu face Stade Malien à Bamako (2-1) devant un peu plus de 20.000 spectateurs. L’entraîneur camerounais avait déclaré  : « Malgré ses 20 000 fans, le Stade Malien ne nous a pas impressionnés et je vous dis qu’au match retour mon équipe se qualifiera et ce n’est pas une équipe frileuse du stade Malien qui m’en empêchera. Je vous assure que le stade Malien ira se promener à Malabo ». Cette déclaration du coach aux expressions fantasmagoriques sonnait négativement dans les oreilles des observateurs de football qui l’avaient trouvé arrogant et prétentieux. Oui, il faut l’admettre, le « Capello africain » était un coach qui se faisait remarquer par ses interviews fracassantes sans langue de bois. Les valeurs de fair-play ou de respect de l’adversaire, il ne savait pas les montrer.  Pendant que certains voyaient en cela de l’orgueil, d’autres le hissaient au rang de psychologue spécialisé dans l’art de la déstabilisation du camp adverse. C’est ainsi que quelques jours plus tard, le Stade Malien arrive à Malabo et se fait battre 1-0 par la formation du coach Alain WABO. Tout le peuple guinéen est en liesse. Après son aventure en Guinée-Équatoriale, il se rend chez le voisin gabonais et prend les reines de la formation de Telstar. Il ne met pas long au Gabon car il est sollicité de nouveau dans sa patrie le Cameroun où les dirigeants de Tiko United ont besoin de lui. Il revient donc au pays et aide l’équipe à accéder en première division. Un succès qui lui ouvre les portes d’une sélection nationale.

L’État camerounais en occurrence le MINSEP ayant longtemps observé les prouesses réalisées par le coach Alain Robinson WABO va lui confier les reines de l’équipe nationale U20. Sa première grosse compétition est la coupe d’Afrique des Nations Rwanda 2009 qui se déroule du 18 janvier au 1er février. Le Cameroun est logé dans le groupe A avec le Rwanda, le Ghana et le Mali. Les lionceaux lors des deux premières sorties font jeu égal avec le pays organisateur le Rwanda puis le Ghana (1-1). Ils arrachent finalement leur qualification au tour suivant en étrillant le Mali 3-0. Ils se qualifient pour la demi-finale et battent le Nigéria 2-0 et retrouvent une nouvelle fois le Ghana sur leur route en finale tombeur de l’Afrique du Sud 4-3. Les lionceaux indomptables pourtant favoris s’inclinent 2-0 devant le Ghana sur un doublé de Osei. C’est une grosse désillusion pour les camerounais. Cependant, il faut garder la tête froide selon le coach WABO et mettre le cap sur la coupe du monde U20 la 17e édition qui se joue la même année en Septembre en Egypte. Quelques mois plus tard le temps d’une préparation illico presto, le coach WABO sélectionne 21 joueurs pour l’expédition égyptienne. Durant toutes ses interviews, le stratège se montre toujours très confiant et rassurant. Il affirme être à cette coupe du monde pour la remporter. Logé dans la poule C avec l’Allemagne, la Corée du Sud et les États-Unis, les poulains du tacticien des barycentres font une belle première sortie en battant les coéquipiers de Kim Min Woo par 2-0. La ferveur est à son paroxysme, l’effet Capello fonctionne astucieusement. À la deuxième sortie, les lionceaux affrontent la Manschaft qui va les cueillir à froid et leur infliger une cinglante défaite 3-0. Le doute et la peur semblent s’installer mais le sélectionneur des lionceaux gardent l’esprit calme tant il sait qu’il besoin d’une victoire ou d’un match nul pour se qualifier.  Lors de la 3e journée, le Cameroun affronte le pays de l’oncle Sam. C’est une hécatombe : les lions juniors perdent le match 4-1 au Stade Moubarak de Suez sous l’arbitrage du central uruguayen Jorge Larrionda. C’est une consternation totale dans les rangs des lions indomptables aussi bien dans la délégation présente en Egypte que pour tous les camerounais restés au pays. Le Cameroun qui était présenté comme un favori de cette compétition sort au 1er tour. Toutefois, lorsque le coach WABO se présente en conférence de presse d’après match, il s’en prend violemment à ses choses. Il déclare que ces derniers n’ont pas le niveau de la compétition et qu’il voit difficilement ceux-ci accéder à l’équipe senior. Cette déclaration va laisser couler beaucoup d’encre. De retour à Yaoundé, il est convoqué par le MINSEP pour une réunion d’évaluation de la récente aventure en Egypte. Quelques jours après cette réunion et le coach WABO et son Staff se font débarquer. Sa première aventure avec une sélection nationale prend fin à ce moment. 

Le génie de la tactique du coaching retrouve un banc de touche du côté de Tiko United qu’il avait d’ailleurs fait monter en première division quelques années avant. Pendant ce temps, la Guinée-Équatoriale dans laquelle un entraîné durant 3 ans s’apprête à recevoir la CAN 2012. Les dirigeants équatos-guinéens qnui veulent une réponse équipe bien accompagnée se renseignent sur le tacticien camerounais lui qui connait très bien le football équato-guinéen. Nous sommes là en 2010 déjà, au moment où les choses doivent se concrétiser afin que le Capello africain puisse montre tout l’étendue de son talent au monde entier, il est frappé d’une violente maladie. Celle-ci va contraindre le prodige de Bandjoun a quitté les terrains pendant un bon moment. Son état ne s’améliorant pas, il est interné à l’hôpital général de Douala. Un matin du 25 octobre 2010, le monde du football camerounais est en consternation lorsqu’on apprend que la faucheuse est passée auprès de Alain Robinson WABO et qu’il est passé de vie à trépas.

Parti très tôt à l’âge de 38 ans au moment plusieurs entraîneurs commencent leur carrière au bas de l’échelle, Alain WABO avait déjà fait parler de lui depuis plus d’une décennie. L’ancien coach de Tiko United sera lève le jeudi 04 novembre pour une veillée à Buea. Le lendemain son corps se retrouva du côté de son terroir où tout avait débuté à Bandjoun. Une autre veillée fût effectuée avec une kyrielle de personnalité du milieu du sport, la politique, les médias… Il sera conduit à sa dernière demeure le samedi 06 novembre en laissant derrière lui le souvenir d’un génie très souvent incompris.

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