L’ancienne gloire des Lions, à la carrière exceptionnelle, qui célèbre ses 70 ans, à travers un match de gala samedi 21 mai, s’est confiée à Cameroon tribune sur le football camerounais.
Vous célébrez vos 70 ans ce 20 mois 2022. Pourquoi avoir choisi de marquer spécialement le coup, avec notamment un match de gala ?
Ce sont les amis qui ont voulu célébrer ce moment. Ils ont dit que je ne peux pas fêter mes 70 ans sans quelque chose de significatif. Et si je dois inviter mes amis qui sont des footballeurs, on s’est dit qu’il faut un match pour célébrer ce sport qui nous réunit tous et faire aussi plaisir aux populations qui me soutiennent depuis mes débuts.
Vous sentez-vous capable de rehausser les crampons à 70 ans?
Peut-être que je ne jouerai pas. Je ne sais pas encore. Mais ils seront nombreux qui viendront pour jouer. On ne manquera en tout cas pas de joue pour faire le spectacle sur le terrain. Et qui sait peut être que mes fils pourront jouer en mon nom. Il pourrait donc tout de même avoir un Milla sur le terrain.
Vous êtes né un 20 mai qui représente depuis 1972 la fête de l’Unité puisque vous avez été témoin et comment le football y a t-il contribué ?
Le Cameroun a clairement progressé pour qu’on soit où on est aujourd’hui. Et pour cela, il a fallu que les gens travaillent dans l’ombre, que les Camerounais se sacrifient pour préserver cette unité nationale. C’est un combat de tous les instants car on voit bien que ce n’est pas évident. Surtout dans le contexte actuel où il faut se montrer plus soudés que jamais. Le football a joué un rôle très important dans la sauvegarde de cette unité. Nous continuons à jouer notre partition et c’est pour cela que nous demandons de temps en temps du respect. On ne peut pas faire ce que nous avons fait et être abandonnés comme c’est le cas.
Justement, un de vos combats actuels est la meilleure considération des anciennes gloires du football camerounais. Avez-vous le sentiment que les lignes ont quelque peu bougé ?
On ne se bat pas seulement pour les anciennes gloires. Nous voulons le respect pour tous les footballeurs, même ceux qui évoluent actuellement. Il faut qu’on les respecte. On ne peut pas les traiter de la même façon que nous avons été traités.
Vous estimez n’avoir pas assez été respecté à votre époque ?
Je le dis clairement : nous n’avons pas reçu de considération que nous méritons. C’est pour cela que nous demandons du respect. Et je l’ai dit à tous ceux qui sont passés au ministère des Sports depuis le temps. Nous ne demandons pas des milliards de F mais juste un peu de considération et de respect. Moi j’ai vu passer quatre générations de footballeurs. Donc, il s’agit plus de me battre pour ceux qui sont là. Je suis obligé de me battre pour eux pour qu’ils puissent gagner quelque chose. Nous qui étions en quart de finale à la Coupe du monde 90, nous n’avons pratiquement rien gagné. Vous vous rendez compte de cet exploit.
Avec un footballeur à la tête de la Fécafoot, Samuel Eto’o en occurrence, avez-vous le sentiment que les choses vont aller dans le bon sens ?
C’est en tout cas pour cela que nous avons bagarré pendant des années, pour que les choses changent. Il fallait donner l’occasion à un footballeur d’être là car il connaît les problèmes qui existent et que lui-même, Samuel Eto’o a souvent dénoncés. Et les choses vont changer et elles changent même déjà. L’administration est en train de bouger et le reste va suivre petit à petit. Il faut juste être un peu patient.
En 70 ans, vous avez certainement des regrets, des choses que vous auriez pu faire différemment…
C’est clair qu’il y en a toujours. Il y a des choix, des décisions, qu’on pourrait parfois regretter mais ce qui est fait est fait. Même s’il est vrai par exemple que nous, à notre époque, on aurait pu faire les choses différemment mais nous avions des gens devant nous, à côté de nous qui nous rassuraient qu’ils faisaient ce qu’il y a à faire pour notre avenir. Malheureusement, cela n’a pas été le cas. Et il ne faut que ça continue. C’est pour cela que le président de la Fécafoot est en train de se bagarrer. Il faut que les présidents de clubs et tous les autres acteurs comprennent que ce n’est plus la même chose ni la même époque.